Consultation

XXI, folios:184 185
Krafft, Jan (Jean Graff) et Lanten, Jean de, dit Heid (ou Heyst), colonels des régiments suisses
Henri de Montmorency-Damville
Lettre 1123:XXI-184 185
24/10/1573
Montélimar
Saint-Paul-Trois-Châteaux

Transcription

Les mots surlignés font l'objet d'une note

1

Reçue à Montélimar, le 02 novembre 1573.

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Monseigneur, avant de partir du camp de La Rochelle, le roy de Polloigne donna

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la charge de notre conduite à monsieur le conte de Gayasse en ensuyvant les commandemens

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quil recevoit de sa majesté avec asseurance quil nous feroit seiourner en lieu commode

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auquel noz soldatz se pourroient raffraischir et se ressentir du grant travail quilz

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ont souffertz depuis quilz sont en son service. Ores, approchans de Vienne, lieu où

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devoit estre notredit seiour, ledit sieur conte reçoit commandement au lieu de nous faire

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seiourner quil eust à nous faire marcher pour vous joindre en Languedoc encore que ce nous

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ait esté chose dure à executer, ce neantmoins dautant que le service du roy nous

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doit estre en singulière recommandation, craignans en icelluy negliger quelque chose,

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oultre lasseurance que de tout temps avons eue de votre entière volonté et affection

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en notre endroict, nous avons, en ensuyvant les commandemens, bien voulu marcher

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et nous accommoder à tout ce que son service requerroit de manière qu’approchant du

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passaige pour entrer en votre gouvernement, ledit sieur conte nous a faict entendre avoit

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receu lettre de vous, avec prière ne nous vouloir laisser passer plus avant dans

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votredit gouvernement et que pour le present vous naviés encore entendu le volonté du roy,

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ce que nous avons trouvé fort estrange, dautant que nous pensions entrer au lieu

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où serions bien receus et aurions moyen de faire quelque bon service à sa majesté, oultre

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lesperance que nous avions d’y recevoir quelque repos, il nous semble que ce nest

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la fasson nous renvoyer dun à autre, mais en ensuyvant le vouloir de sa

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majesté qu’on nous devoit librement octroyer le passaige par le pont de Saint Esprit, qui

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est cause que ledit seigneur conte vous envoye ce gentilhomme, affin que par luy

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nous soyons advertis de votre intention pour, en ensuyvant icelle scavoir diriger noz

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actions ; et dautant que les affaires sont subiectz à changement et que par aventure

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vous ne pourriés avoir affaire de nous, attendu que sa majesté nous a commandé

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nous joindre avec vous pour le moins quil vous plaise nous donner lieu,

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soit en Provence ou Languedoc pour nous povoir raffraischir avec noz

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soldatz en attendant quil se presente quelque occasion de povoir faire notable

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service au roy avec ordre quil nous seroit administré vivres suffisamment

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et a pris raisonnable, car vous scavez que sans cella on ne peut entretenir

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[184 v°] police, laquelle avons tousiours faict garder quelque part qu’ayons esté et ferons encore,

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tant et sy longuement qu’aurons cest honneur de faire service du roy et parce que lon nous

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a depuis deux mois donné esperance que recevrions le payement d’ung mois, lequel doit

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provenir de la recepte generalle de Thoulouze que navons jusques icy veu et parce moyen

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reduict en sy extreme necessité, que sy monsieur de Gordes ne nous ayt faict soulaiger

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et secourir de quelque petite somme dargent, nous neussions sceu de quel bois faire flesche

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nous vous supplions très humblement en consideration de la grande amytié que votre

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maison a tousiours porté à notre maison, laquelle nous estimons plustost estre augmentés

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que diminués aussy que luy à celluy qui ne soit tout prest à reposer le corps et la vie

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avec ce qui depend de notre povoir pour vous faire service très humble comme de

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monsieur de Meru notre colonnel general en a reçu certain tesmoignaige quil vous

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plaise faire haster le plustost qui pourrés ledit payement, estans retombez en la mesme

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necessité quavons eu au paravant, delaquelle sy promptement ne sommes

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relevez suyvant les asseurances que nous en avez par plusieurs fois donner par voz

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lettres. Il est à craindre ung grant desordre à noz trouppes, auquel il est besoing

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remedier et nous advertir par ce porteur de votre intention et volonté, estant davis

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à ung chacun que nous sommes jà soubz voz aisles et que ne devons attendre

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commandemens dautre que de vous. Mondit sieur le conte faict bien tout ce quil peut

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pour nous donner contentement, mais il nous senble soubz correction encore quil ait ung

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povoir bien ample du roy, quil est besoing quil en ait ung autre du votre qui l’acompaigne

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pour estre dautant mieulx obey es lieux et endroictz où il vous plaira que marchions,

52

car sans cella, nous craignons fort de tomber au desordre susdit et quil ne sengendre

53 ung très grans [barré : contentement] mescontentement en noz trouppes par le moyen duquel 54

lon seroit contrainct faire chose qui ne pourroit que redouter au preiudice du

55 service de sa majesté ; ce que ne vous avons voulu cacher, comme [barré : de] celluy de 56

lamytié duquel faisons autannt destat que du seigneur qui soit en France ;

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et protestons, au ca que cella advins, que la faulte ne procedera de nous,

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mais de ceulx qui representent la personne du roy, à faulte davoir donné ordre

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à notre payement aux vivres, passaiges et autres choses necessaires pour la conduite

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des serviteurs telz que sommes à la couronne de France ; à quoy toutesfois aurons

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tousiours sy bon œil quil ne se fera autre chose de notre consentement pour le

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[185] service du roy, vous supplians croire que la necessité quendurons de jour à autre

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Nous contrainct vous en escrire sy instamment.

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Monseigneur nous recommandons. Du camp de St Paul, ce XXIIIIe octobre 1573.

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Voz très humbles et obeissans serviteurs les deux colonnelz des regimens

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Souisses Ans Graff Hans Heyst

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